Deux jours avant le concert, les forces « de l'ordre » se donnaient la peine d'une visite de courtoisie sur le lieu du concert.
Avec le nombre de concerts qui ont eu lieu là-bas, et le fait qu'il n'y ai jamais aucun soucis lors des soirées organisées dans ce lieu, on peut légitimement se poser la question d'une telle visite (surtout quand on sait que les Renseignements Généraux nous avaient déjà gratifiés d’une visite à la boite postale de Lans en Vercors ...). Donc soit tout va bien et ils n’ont que ça pour s’occuper, soit nous faisons partie de leurs priorités. Quoi qu'il en soit, si le parti de l'ordre, le parti de ceux qui se lèvent tôt et qui pensent bas s'inquiète de la montée locale des anarchistes, celui-ci a raison de se faire du mouron !
Le public a en effet répondu en masse : une salle de concert pleine, une ambiance terrible, des groupes ravis, un public diversifié et visiblement heureux d'être là ...

Les Décibelles attaquent le concert à fond les ballons. Ce jeune groupe féminin, qui, il n'y a pas si longtemps, faisait ses premiers assauts scéniques, a véritablement fait sensation : un set consistant et conséquent, un style qui leur appartient désormais, un punk à la fois minimaliste, dépouillé et super efficace, ... pour beaucoup de personnes qui les découvraient pour, ce fut une bien bonne surprise. Leurs morceaux s'enchaînent devant un public de plus en plus enthousiaste et conquis. Il est clair qu'en quelques mois, le groupe a acquis une maturité indéniable.

Ce sera ensuite à nos camarades belges de René Binamé de prendre la relève. On a au début clairement deux publics. Un qui connaît leurs chansons par cÅ“ur, et ceux qui les découvrent. Très vite, tout ça devient bien secondaire : la salle est conquise, ça danse, ça pogotte, ça saute dans tous les sens. Entre compos de leur cru ou reprises de chansons révolutionnaires anarchistes traditionnelles, les René Binamé nous mettent une bonne claque. D'ailleurs, après une pause salvatrice, ... les gaillards remettent ça, dans une ambiance encore plus torride, histoire d'achever le public une bonne fois pour toutes ! Et puis ensuite, c'est fini, car le lendemain, pour pas mal de gens : boulot !

Comment ne pas se réjouir lorsque l'on voit une mamie, devant la scène, bouger en au même rythme que le punk à côté d'elle, en regardant trois demoiselles envoyer un punk sauvage ? Comment ne pas frissonner devant une salle qui reprend en cÅ“ur des refrains parlant d'un monde que nous ne voulons pas seulement rêver mais que nous voulons construire ? Comment ne pas s'enthousiasmer quand les tables de presse transforment un moment de fête en un lieu où l'on trouve des infos, des contacts, des bouquins, des fanzines, que l'on trouve trop rarement ? Comment ne pas être optimiste quand ce concert devient permet à des gens qui ont tant de choses à faire ensemble se rencontrent enfin ? Comment ne pas se réjouir lorsque des groupes de supporters antifascistes sont ensemble, unis dans la fête et rassemblés autour de valeurs d'antifascisme, de solidarité ? Comment ne pas avoir de l'espoir quand, au-delà de la fête, les gens viennent se réjouir du lancement d'initiatives anarchistes dans le Vercors ? Cette soirée fut une réussite par bien des points : et il ne s'agit pas là d'auto-congratulation. Le sentiment que l'on peut avoir, c'est l'impression que nous n'avons pas fait grand chose, mais que ce que nous avons lancé a permis des convergences. Que finalement, pas mal de gens ne semblaient attendre que ça. Que les remerciements que le public nous ont adressé, gentiment, avec une sincérité parfois bien émouvante, démontraient une fois de plus qu'il manque si peu pour faire plein de choses. Votre présence, votre chaleur, nous sont allés droit au cÅ“ur.


Merci au lieu, merci aux groupes, merci au public. Nous sommes clairement décidés à ne pas nous arrêter là. Nous continuerons, malgré la pression policière, nous continuerons parce que comme tant d'autres, nous n'avons plus envie de nous résigner, de subir sans rien dire.
A bientôt donc, pour d'autres aventures !

Post scriptum 1 : désolés pour le ton qui peut paraître un peu exalté, mais deux jours après, on est encore à fond, et pour longtemps !

Post scriptum 2 : si vous avez des photos de cette soirée, vous pouvez nous les envoyer !