Du Développement à la Décroissance de Jean-Pierre TERTRAIS

De la nécessité de sortir de l'impasse suicidaire du capitalisme

EXTRAITS :

Un autre choix de société

Mais si une fois encore, des changements individuels peuvent infléchir quelque peu des tendances, les quantités d'énergie et de matières premières sur lesquelles portent ces changements demeurent dérisoires par rapport à celles qu'impliquent les politiques mises en oeuvre par les Etats et leurs alliées, les multinationales

Le complexe militaro-industriel

Le goût de cet immense gaspillage étant d'autant plus amer qu'une partie non négligeable de ces ressources payées par le contribuable se retourne contre ce contribuable. La sécurité du capital exige en effet des sommes toujours plus exorbitantes

Chaque fusil qui et fabriqué, chaque bateau de guerre lancé, chaque fusée qui éclate, signifie dans leur sens final un vol pour ceux qui ont faim et qui n'ont rien pour se nourrir, pour ceux qui ont froid et rien pour se vêtir. Le monde en armes ne dépense pas seulement de l'argent. Il dépense la sueur des travailleurs, le génie des scientifiques et les espoirs de ses enfants.>

Cette citation n'est pas 'un antimilitariste aigri, mais du Général Dwigh D. Einsenhower, le 16 avril 1953.

Des politiques de transports au service du gaspillage

Après le domaine militaire, les transports constituent sans doute la deuxième source de dilapidation des ressources naturelles. Il s’agit de l’application pure et simple d’une logique économique. La deuxième moitié du Xxe siècle s’accompagne d’une transformation considérable des systèmes de relation et d’échange, qui se traduit par une croissance importante, en tonnages bien entendu, mais surtout en distances parcourues par les marchandises et les hommes, et par conséquent en quantités d’énergie consommée, et aussi de matières premières (une chercheuse allemande a calculé q’il y a 15 000 km dans un pot de yaourt, si l’on compte tous les parcours effectués par ses composants en incluant l’emballage). L’augmentation des distances moyennes de transport est la caractéristique principale de cette nouvelle organisation spatiale du système de production et de consommation.

Les conséquences d’un parc automobile mondial qui compte aujourd’hui 600 millions de véhicules atteignent des proportions alarmantes.

Des politiques agricoles qui confinent à l’absurde

Le caractère irrationnel des politiques agricoles transparaît, de toute évidence, dans les échanges : la Nouvelle-Zélande expédie des pommes dans des régions d’Europe… où des pommes sont cultivées ! La Grande-Bretagne importe chaque année… à peu près autant de lait qu’elle en exporte !

Il faut le répéter inlassablement une économie significative d’énergie et de matières premières ne peut pas passer uniquement par quelques bonnes volontés individuelles

L’aménagement du territoire, le développement du combiné rail-route, la remise en service de voies navigables et de petits canaux, l’extension des transports en commun, les parkings publics aux entrées des agglomérations, la réorganisation des villes en faveur des piétons et des cyclistes passent par une gestion collective de l’espace. De même, le remplacement progressif des énergies fossiles non renouvelables par des énergies "de revenu" (solaire, éolien, biomasse, hydraulique), la mise en oeuvre de technologies moins goumande en énergie, la rationalisation de la consommation d'énergie en matière de chauffage, de climatisation, d'éclairage ne peuvent provenir de quelques individus, même fortement motivés.